Du 24 au 26 avril 2025, la Maison de la Recherche de l’université Sorbonne Nouvelle accueillera un colloque international d’une importance capitale pour les professionnels du montage et de la post-production. Intitulé « La multiplication des systèmes de vision artificielle et des modèles d’intelligence artificielle (IA) générative a récemment transformé une partie de notre culture visuelle », cet événement, organisé par le Laboratoire international de recherches en arts (LIRA) et l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel (IRCAV), avec le soutien de l’Institut Universitaire de France, propose une relecture profonde des fondements du montage à l’ère des images génératives.
Un changement de paradigme dans la grammaire du montage

Depuis les années 2010, les systèmes de vision par ordinateur et les modèles génératifs (GANs, diffusion, text-to-video, etc.) bouleversent les pratiques artistiques et industrielles. En production comme en post-production, ces technologies reconfigurent les rapports traditionnels entre le plan, le raccord, l’ellipse, ou encore le rythme. Le montage ne se réduit plus à l’agencement de plans tournés : il devient aussi un acte de génération, d’interpolation, d’exploration d’un espace latent, souvent par l’intermédiaire d’un simple prompt textuel.
Le colloque mettra en lumière ces mutations à travers trois axes d’analyse :
– les théories historiques du montage confrontées aux logiques génératives,
– les formes audiovisuelles nouvelles issues des GANs et autres IA de génération vidéo,
– les pratiques professionnelles du montage face à l’intégration croissante de l’IA dans les outils de postproduction.
L’intelligence artificielle comme outil de prémontage et de création
De nombreux professionnels du montage utilisent déjà des IA pour trier, classer ou identifier des éléments dans les rushes : visages, objets, émotions, actions. Ces systèmes permettent un prémontage automatisé de plus en plus fin, réduisant les temps de dérushage, de sélection et d’organisation des séquences. Des outils comme Adobe Sensei, Topaz Video AI ou Runway ML sont désormais intégrés aux workflows industriels.
Mais ce qui interpelle les chercheurs comme les artistes, c’est moins l’automatisation que l’émergence de formes inédites. Avec les modèles text-to-video comme Gen-3 ou Sora, le montage devient aussi une affaire d’écriture, de sémantique, de design d’interactions dans l’espace latent. Ce n’est plus seulement le choix des plans, mais la conception des variations, des morphings, des transitions entre états visuels synthétiques.
Repenser les gestes, les outils, les récits
Peut-on encore parler de montage dans ces contextes ? L’interpolation entre deux images générées, ou le blending d’états visuels à l’intérieur d’un modèle de diffusion, relèvent-ils d’une syntaxe du montage ou bien d’une tout autre logique ? Comment redéfinir le rôle du monteur·se dans des processus où la matière visuelle n’est plus seulement captée, mais co-produite avec des modèles computationnels ?
En croisant théorie du cinéma, analyse esthétique, et pratiques de post-production, ce colloque propose une cartographie des nouvelles pratiques à la frontière du montage, de l’IA, et des arts visuels contemporains. Il offre aussi une plateforme de réflexion cruciale pour tous les acteurs de la chaîne de l’image, à l’heure où les frontières entre tournage, génération, montage et rendu deviennent de plus en plus poreuses.
Un événement essentiel pour les monteurs et post-producteurs de demain
Alors que les logiciels de montage intègrent progressivement l’intelligence artificielle – qu’il s’agisse de segmentation automatisée, de réécriture de rythme, de suggestion de plans ou de génération d’éléments visuels –, il devient urgent de reposer les bases : quels sont les gestes du montage face à l’IA ? Quelle place pour l’intuition humaine dans un espace créatif structuré par des réseaux de neurones ? Et comment accompagner la transformation d’un métier vers des formes d’hybridation nouvelles entre outil, pensée et art ?
Le colloque s’adresse autant aux chercheurs qu’aux professionnels, et les monteurs, artistes numériques, post-producteurs, directeurs techniques et étudiants en cinéma y trouveront matière à penser les défis contemporains de leur pratique.
Accès à distance : https://meet.google.com/pts-ijkm-oki