Le matte painting est l’une des disciplines les plus subtiles et essentielles des effets visuels, permettant depuis plus d’un siècle d’étendre les décors cinématographiques sans que l’illusion ne soit perceptible.
L’exposition « Le Cinéma en Trompe-l’œil », présentée au Centre des arts d’Enghien-les-Bains du 23 janvier au 25 mai 2025, propose une plongée unique dans cet art de la création d’espaces fictifs. Elle révèle les méthodes, l’histoire et les enjeux techniques qui ont permis aux matte painters d’insuffler réalisme et grandeur aux productions cinématographiques.

L’Art Invisible du Matte Painting : Une Histoire d’Innovation
Depuis les premières applications du glass painting par Norman O. Dawn en 1907, le matte painting n’a cessé d’évoluer pour répondre aux besoins des réalisateurs. En insérant une plaque de verre peinte entre la caméra et le décor, les cinéastes pouvaient, dès l’époque du muet, recréer des environnements grandioses sans recourir à des décors physiques coûteux.
Au fil des décennies, différentes techniques sont apparues :
- Le matte painting à image latente, qui consiste à réserver une partie non exposée de la pellicule pour y intégrer une peinture en postproduction.
- Le matte painting sur internégatif, qui autorise plus de libertés en postproduction mais entraîne une légère perte de qualité.
- L’avènement du Digital Matte Painting (DMP) dans les années 1990, qui marie peinture et composition numérique pour créer des environnements photoréalistes.


Des Œuvres Emblématiques Exposées
L’exposition « Le Cinéma en Trompe-l’œil » permet aux visiteurs de découvrir des peintures issues de films cultes, témoignant du savoir-faire des matte painters :
- « King Kong » (1933) : L’île du Crâne, illusion magistrale intégrée aux plans réels.
- « Star Wars: Episode V – L’Empire contre-attaque » (1980) : Les paysages de Bespin, conçus par Harrison Ellenshaw.
- « Indiana Jones et les Aventuriers de l’Arche perdue » (1981) : L’entrepôt légendaire, réalisé en peinture par Michael Pangrazio.
- « Alien: Resurrection » (1997) : Les matte paintings numériques de Jean-Marie Vivès pour l’extension des décors spatiaux.

L’exposition met en avant l’importance de ces peintures dans l’illusion cinématographique, tout en explorant le passage du traditionnel au numérique.




L’Évolution Numérique : Du Pinceau à la 3D
La transition vers le Digital Matte Painting a été marquée par l’adoption de logiciels comme Photoshop, dès les années 1990, qui ont permis une flexibilité et une rapidité accrues dans la création d’environnements virtuels. Le passage du 2D static painting au 2.5D projection mapping, puis à la 3D intégrale, a profondément changé les méthodes de travail.
Aujourd’hui, le matte painting se déploie via des outils avancés comme Nuke, Maya et Unreal Engine, permettant d’animer et d’intégrer les décors dans des environnements interactifs. La frontière entre matte painting et environnements full CGI devient de plus en plus poreuse, ouvrant de nouvelles perspectives dans la prévisualisation et la production virtuelle.

Une Exposition Clé pour les Professionnels des VFX
Loin d’une simple rétrospective, « Le Cinéma en Trompe-l’œil » s’adresse aux passionnés et aux professionnels des effets visuels, de la préproduction à la postproduction. Elle met en avant l’apport crucial des matte painters, de l’époque analogique jusqu’aux workflows hybrides modernes, où peinture numérique et 3D coexistent pour créer des mondes toujours plus immersifs.



Informations Pratiques
- Dates : du 23 janvier au 25 mai 2025
- Lieu : Centre des arts d’Enghien-les-Bains (12-16, rue de la Libération, 95880 Enghien-les-Bains)
- Entrée : libre
- Horaires : Mardi, jeudi, vendredi et samedi de 14h à 19h (et jusqu’à 22h les soirs de spectacle)
- Accès : À 12 min de Paris Gare du Nord (Ligne H direction Pontoise ou Valmondois)
Retrouvez toutes les informations sur www.cda95.fr.